Enseignement : est-ce un complot ?

 


QUESTION : Nous avons assuré la scolarisation de notre fille jusqu’en 6e. Nous ne le regrettons pas, même si cela a présenté des sacrifices. Depuis qu’elle est à l’école officielle, je vois que le niveau demandé aux élèves est lamentablement bas ... Je me demande si c’est fait exprès ?

En empêchant un individu de réfléchir, construire sa pensée, vérifier les sources, etc. on fabrique des crétins faciles à manipuler. Si on y ajoute la TV, les médicaments ou autres drogues, les jeux vidéos, on s’assure un pouvoir fait pour durer longtemps...



REPONSE :  Je pense qu'il s'agit d'une évolution naturelle qui n'a pas été contrecarrée par des prises de positions sévères venant d'un ensemble important de la population. Cet état de fait doit satisfaire le plus grand nombre.

On aime les slogans comme « pas de ségrégation », « égalité, tout le monde au même niveau », « pas de favoritisme », « il suffit de vouloir pour pouvoir », « placer l'élève au centre du système scolaire »...

Ces slogans sont finalement détournés pour expliquer qu'il faut surtout ne pas sélectionner des élèves à leur entrée au lycée en fonction de leurs résultats scolaires pour accéder à une filière donnée, qu'elle soit littéraire, scientifique, économique, sociale, professionnelle (là on sélectionne plus durement car il y a un nombre de places limité) ou technologique.

Pas (ou très peu) de sélection : tout le monde ira dans LA section généraliste (appelée étonnamment scientifique), ce qui contribue à dévaloriser les autres filières considérée comme la voie royale, et fera beaucoup de tout à ne plus avoir le temps de respirer ou de travailler chez soi, avec des horaires qui ne peuvent qu'encourager la médiocrité partout.

Puis on tentera de supprimer les redoublements, les notes, puis on relèvera les notes de BAC, puis on sabotera les programmes à l'université et en CPGE, puis, puis... Tout s'enchaîne.
Et la majorité est contente, donc ça marche...

Une idée très simple serait de créer, au lycée, une filière généraliste de qualité où l'on afficherait que l'on fait un peu de tout, et de sélectionner un tant soit peu pour l'accès à toutes les autres filières spécialisées qui devront être vraiment spécialisées, donc avec au moins 70% de cours dans le domaine de spécialisation, sans surcharger les semaines pour essouffler les élèves qui ont envie de travailler (il y en a beaucoup).

Sélectionner ! Cela ne fait pas beau hein ? Qui aura le courage politique de dire qu'il est stupide de faire croire à un élève qui a traversé toute sa scolarité au collège avec un maximum de 5/20 en maths, de sa possibilité de s'épanouir en suivant une voie scientifique au lycée ? PERSONNE.

C'est pourtant cruel et stupide de coincer un gosse sur une chaise à ne rien comprendre pendant des heures, des semaines et des mois, simplement parce qu'il n'avait pas appris les bases qui lui auraient permis de comprendre !

 On préfère encore le choix politique soft : on casse les programmes, on abaisse la barre et on s'en remet à la vidéo et à l'ordinateur pour transformer un élève qui ne peut pas suivre avec sa tête en un élève qui regardera des films et des diapositives avec ses yeux. Ensuite on le met au centre du système en lui présentant des cours de terminale digne d'une classe de CE2 avec des activités à ne plus pouvoir et des palabres à n'en plus finir puisqu'on n'aborde pas les savoirs en tant que tels et pour eux-mêmes.

De drôles de choix qui plaisent à la majorité : les politiques, les parents et certains pédagogues qui vont investir dans des solutions toujours plus originales et innovantes pour survivre dans une ambiance délétère (et ils vont y prendre goût car on peut économiser du boulot quand on utilise un vidéoprojecteur !).

Personne ne dira qu'on ne peut pas enseigner correctement dans une classe très hétérogène : ce n'est pas politiquement correct. C'est plus simple et on gagne plus à dire le contraire, alors pourquoi se priver ?

La vie est courte, et celle d'un homme politique aussi...


Moi, je pense surtout à celui qui, quel que soit sa classe et son niveau social, aurait pu bénéficier d'un enseignement formateur dès la seconde, et qui se voir condamner à repousser sans cesse cet accès au savoir dont on fait mine de l'abreuver. L'aide-t-on vraiment de cette façon ? Je pense qu'on le coule plutôt.

Bon, je m'arrête parce qu'il n'y a pas que ça dans la vie, et parce que je peux me tromper : après tout, ces élèves auront vu un peu de tout, et aussi en licence de maths où on ratatine les connaissances pour se mettre au niveau de tout le monde, avec un premier semestre encore généraliste comme en terminale, quatre sessions d'examens par an qui réduisent un semestre d'enseignement à deux mois et demi (car il faut s'arrêter des jours et des jours avant des partiels ou des examens) et des stages dans des magasins de chaussures pendant au moins un mois en pleine troisième année de licence de mathématiques. De mathématiques ?

Oui, sans doute pour compter les boîtes de chaussure ou servir les clients.

Mais là je suis encore reparti. Je m'arrête. J'ai des bouquins à travailler ;)

Tous ces choix ne font pas partie d'un grand oeuvre obscur dicté par quelques comploteurs cachés... Il s'agit uniquement de la ligne de plus grande pente, celle que « choisit » le bloc de pierre quand il vient s'écraser au bas de la montagne...


[Référence] Publié le 22 janvier 2014 sur MégaMaths.