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MEMOIRES PERSONNALISES 100% SANS PLAGIAT
(11 novembre 2012)
 

Passage intéressant sur le plagiat, relevé dans un livre de Benjamin Barber. Ce genre d’avertissement devrait nous rendre soucieux de ne pas donner trop d’importance aux « mémoires » et « soutenances de mémoires » dans les cursus par rapport à d’autres types de contrôles de connaissances. Il y a tant d’autres façons de procéder.

Voici l’extrait :

« Les étudiants aussi jugent plus facile et entièrement défendable de tricher aux examens et de copier leur mémoire de fin de trimestre. « Sur la plupart des campus, 70 % des étudiants admettent avoir déjà triché. » Le problème, avec le plagiat, n’est plus sa fréquence, ni la multitude des sites Internet qui mettent en vente des devoirs, c’est que beaucoup ne voient plus ce qu'il y a de mal à ça.

Parmi les dizaines de sites Internet qui proposent des dissertations, mémoires, thèses et... « thèses de doctorat » entièrement rédigés et « prêts à rendre », on trouve l’entreprise Best Custom Term Papers, dont la publicité sur Internet affiche un en-tête remarquable : « Mémoires de fin de trimestre personnalisés, 100 % sans plagiat ». Par cette formule, la société veut sans doute dire qu'elle-même n’a pas copié son texte ailleurs, pour que l’étudiant qui l’achète soit certain qu'il n’y a dans cette affaire qu'un seul plagiaire !

Avec des producteurs décidés à justifier le vol intellectuel commis par leurs clients, et des écrivains et chercheurs adultes en pleine confusion sur le sens de la propriété intellectuelle (notamment en ces temps de critique littéraire postmoderne, où les textes sont des produits censés appartenir à ceux qui les consomment autant qu'à ceux qui les produisent), il n’est pas surprenant que les étudiants s’abandonnent si facilement au plagiat – péché si véniel au regard des normes laxistes sur le vol qu'il ne se qualifie même pas pour un pardon.

Après tout, emprunter du texte à d’autres universitaires et oublier de renvoyer à leurs travaux n’a pas nui sensiblement à la réputation de plusieurs historiens reconnus. Et la fabrication de faits et d’expériences dans les Mémoires de James Frey sur la drogue et la prison n’a pas eu d’impact majeur sur les ventes de son livre Mille morceaux, du moins jusqu'au jour où Frey a reçu un savon télévisé dévastateur de la célèbre « critique » Oprah (qui, lorsque la tricherie de Frey avait été révélée, l’avait d’abord soutenu). Des journalistes du New Republic et du New York Times ont acquis une grande renommée grâce à des articles d’« information » entièrement fabriqués, qui leur ont coûté, semble-t-il, plus de (vains) efforts pour ne pas se faire prendre que pour créer leurs distrayantes fictions. »

[Extrait du livre de Benjamin Barber Comment le capitalisme nous infantilise (2007), relevé dans un article de Marianne]