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Extraits de « L'humour des français sous l'occupation, histoires et anecdotes », de Ingrid Naour et Maurice Rajsfus, Le cherche midi éditeur, 1995
Réunion à la Chancellerie : Hitler : - À vous, Himmler. Faites votre rapport. Himmler : - La situation est bonne. Il y a vingt-sept exécutions à la hache, cette semaine. J'ai fait mourir également au champ d'honneur quelques généraux de corps d'armées, dont vous m'aviez donné la liste. Hitler : - Parfait. À toi, Goering. Parle-nous du ravitaillement. Goering : - Ça me gêne un peu de parler de ça, sans en avoir le costume, mais bah! à la guerre comme à la guerre. Le ravitaillement est complètement assuré. Témoin mon déjeuner de midi. Hors-d'œuvre : jambon de Francfort, huîtres de la Baltique; entrée : cochon de lait rôti, puis choucroute garnie et sanglier à la broche. (Canard enchaîné du 25.10.1939)
Une panne d'auto avait obligé le Duce à s'arrêter dans une petite ville du Piémont. Que faire pour ne pas perdre une heure de son temps si précieux? Il a vite trouvé. Se drapant dans sa large cape et rabattant sur ses yeux sa légendaire casquette, il se dirige vers un cinéma, pénètre à tâtons dans la salle obscure et s'assied. La chance le servait une fois de plus; on projetait « les actualités ». Quand le Duce apparaît sur l'écran, les applaudissements crépitent et toute l'assistance se lève comme un seul homme. Mussolini savoure ce réconfortant spectacle, en restant voluptueusement assis dans son fauteuil. Son voisin, se penchant alors vers lui, pose familièrement la main sur son épaule et dit à voix très basse : - Mon cher, je pense comme vous et je ne suis pas le seul, mais je vous préviens que les fascistes de mon patelin sont d'une exceptionnelle vacherie ; ils passent leur vie à nous épier, nuit et jour, pour essayer de nous faire coffrer. Alors, n'est-ce pas, suivez mon conseil, il est bon. Levez-vous! (Lucien Besnard)
L'alliance germano-italienne connaissait bien des ratés à la grande joie des Français goguenards: En 1943, gare des autobus à Nice, un soldat italien portant en bandoulière un long fusil essaie de monter dans un bus. Manque de chance : le canon de son arme bute sur le haut de la portière tandis que la crosse reste bloquée contre le marchepied. Dans la file d'attente, une grand-mère s'impatiente et lui crie : - Avance! Avance! avec un fort accent méridional. Un sous-officier allemand s'approche alors de la vieille femme et lui dit : - S'il vous plaît, Madame, ne lui dites pas d'avancer mais de reculer! Il comprendra tout de suite! (Communiqué par M. Louis Raibaut)
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Petite histoire: Un Fritz achetait chaque matin son journal à la même marchande qui, sachant qu'il ignorait notre langue, lui disait avec un bon sourire : - Tiens, le voilà ton canard, grand con! L'Allemand s'enquiert du sens de ce mot auprès d'un Français qui lui explique : - Grand con, c'est le diminutif familier de grand conquérant. Et le lendemain, l'Allemand répond à la marchande : - Non, pas grand con, moi petit con..., et il ajoute le bras levé : Hitler, lui, grand con ! (Jean Galtier-Boissière)
Sur le quai du métro un officier allemand aborde brusquement une jeune femme en lui disant : - Vous êtes bien anglaise, n'est-ce pas, Madame? Terrifiée, elle répond en balbutiant : - Mais... je... enfin, c'est-à-dire... oui Monsieur. - Voulez-vous m'indiquer la correspondance pour la station Beaugrenelle? Elle donne le renseignement; il remercie et salue. Les Anglaises sont aussi filles d'Eve ; sa curiosité est si fortement piquée qu'elle se décide à lui dire : - Mais pourquoi m'avez-vous demandé si j'étais anglaise? - Parce que les femmes françaises me font toujours trotter dans tous les corridors, en m'indiquant la direction diamétralement opposée! Hitler téléphone à Mussolini : - Êtes-vous à Athènes?... - Pardon, je n'entends pas bien. - Je vous demande si vos troupes sont à Athènes? - Je vous entends très mal, mon cher Adolf, sans doute téléphonez-vous de très loin... de Londres probablement! (Jean Galtier-Boissière)
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« Mais accepter et reconnaître son ignorance, réussir à vivre sans se bercer de contes et d'illusions, dans l'incertitude du devenir, n'est-ce pas là, justement, la voix de la sagesse ? » (F. M.)
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