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L'avenir dépend de la recherche fondamentale

Quelques extraits d'un article paru dans le journal

Le Monde du 11 février 2005


Il s'agissait d'un entretien avec Edouard Brézin, président de l'Académie des sciences.


« Pourquoi êtes-vous en désaccord avec le projet de loi sur la recherche ?
(...) Dans sa rédaction actuelle, plusieurs dispositions sont gênantes. D'abord, le mélange de la recherche et de l'innovation. Ensuite, le rôle central donné à l'Agence nationale de la recherche (ANR), qui semble laisser les organismes en jachère. Enfin, l'insuffisance des recrutements d'enseignants-chercheurs, qui ne correspond pas aux nécessités d'un service réduit pour les jeunes maîtres de conférences. »

« N'est-il pas légitime de mettre l'accent sur l'innovation, dont tous les rapports montrent qu'elle constitue le point faible du système français ?
Les chercheurs ne sont pas contre l'innovation. Mais celle-ci est du ressort des entreprises. Je pense pour ma part que notre avenir dépend, plus qu'on ne le réalise, de la recherche fondamentale. Car les découvertes ne se programment pas. »

« Pouvez-vous en donner quelques exemples ?
Rien que dans mon domaine, la physique, je pourrais les multiplier. Prenez l'imagerie médicale ! L'IRM utilise la résonance magnétique du proton, qui nécessite des aimants supraconducteurs plongés dans de l'hélium superfluide. Il y faut des connaissances fondamentales, sans lesquelles aucune recherche appliquée n'aurait permis de maîtriser cette technique. Il en va de même pour le scanner, l'échographie ultrasonore, ou la tomographie par émission de positrons qu'utilisent les neurologistes. Le positron est sorti... de la théorie relativiste de l'électron de Dirac qui a prédit l'existence d'un antiélectron.
Je citerai aussi l'exemple d'Albert Fert, médaille d'or 2003 du CNRS. Ce chercheur faisait des études de physique des solides très fondamentales sur la "spintronique" (transport de spin et non de charge), discipline qu'il a créée. Cela lui a permis de découvrir la "magnétorésistance géante des couches minces" qui, cinq ans après sa découverte, équipait toutes les têtes de lecture de nos ordinateurs portables. Quant au laser de nos lecteurs de CD, il apparaissait à l'origine comme un bel instrument de laboratoire sans aucun intérêt pratique prévisible. (...) »


Comme le fait remarquer Didier Nordon dans son Bloc-Notes Un gros kilo, s'il vous plaît (voir Pour la Science n° 321, juillet 2004), 1 kilo-octet ne vaut pas 1000 octets, mais 1024. Cela tient au fait que les informaticiens comptent en puissances de 2 pour dénombrer une quantité d'information. Pour remédier à ce petit problème comptable, l'IEC (International Electrotechnical Commission) a défini dans les années 1990 le kibi-octet qui vaut 1024 octets, c'est-à-dire 210 octets. De la même manière, pour être parfaitement exact, on doit désormais parler de mebi-octet pour 220 octets, gibi-octet pour 230 , tebi-octet pour 240 , pebi-octet pour 250 et exbi-octet pour 260.

(Pour la science n°322 d'août 2004, p. 29, remarque de Loïc Jardin, Montauban)


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Ethique et liberté économique


Trop susceptible de provoquer des fraudes A la enron, l'amoralisme des business schools américaines imposait un programme de rectification. Un professeur de Philadelphie demanda donc à ses étudiants de penser à des exemples de comportement répréhensible dans une entreprise. Il fut surpris par leur mutisme. Puis l'un d'eux se lança : « Bon, j'imagine que vous ne pouvez tout de même pas tuer vos subordonnés. » C'était un bon départ, mais les élèves de la business school ne purent s'accorder sur rien d'autre qui fût vraiment répréhensible. Leur professeur s'effraya alors du monde qu'un tel cynisme allait enfanter. « C'est celui dans lequel nous vivons déjà », l'informèrent ses étudiants, devenus pour le coup ses instructeurs (I).

Le Financial Times, qui relate cette histoire, suggère qu'un professeur de business school, même bien payé, a consenti à une rémunération inférieure à celle que recherchent ses élèves. Il les comprend mal. Pour la plupart d'entre eux, un profit est un profit, qu'on l'obtienne en guérissant le cancer ou en commercialisant des cigarettes. La meilleure pédagogie serait par conséquent de leur rappeler, preuves à l'appui, que bien mal acquis ne profite jamais... Dans cet esprit, quelques écoles ont invité d'anciens hommes d'affaires passés par la case prison à venir relater leur déchéance. Problème : ce type de reconversion «éthique» serait devenu un filon. Après ses 18 mois de prison, un ancien patron très demandé gagne 200 000 dollars par an à relater son expérience. La dimension dissuasive de l'exposé d'une telle « descente aux enfers » n'est donc pas assurée.

Réalisé conjointement par le Wall Street journal et la Héritage Foundation (un think tank proche de la Maison Blanche), le dernier classement annuel des pays « économiquement libres » n'offrira pas aux étudiants en business - c'est-à-dire aux futurs patrons - la direction éthique qui paraît leur manquer. La seule « liberté » qui compte semble être celle offerte au capital et aux investisseurs : moins d'impôts, moins de charges sociales, pas de salaire minimum permettent donc de grimper dans le classement (2). En Europe, Ie Luxembourg, un paradis fiscal, est leader (3ème sur 155), suivi par l'Estonie, où l'impôt sur le sociétés est établi au taux raisonnable de zéro... L'Arabie Saoudite (72ème) serai «plutôt libre». Le Brésil (90ème), «plutôt réprimé», s'en sort mieux que le Venezuela (146| « réprimé » tout court.

Serge Halimi (Le monde diplomatique de février 2005, p.2)

[(I) : Mickaël Skapinker, « Business schools focus on making money, not martyrs », financial time, 5 janvier 2005]



« La liberté de choisir, s'affirmer sans contrôler »

Extraits du premier chapitre de « La liberté de choisir, s'affirmer sans contrôler » de William Glasser, Editions Logiques, 1998.


Je rapporte ici quelques courts extraits de ce livre qui est captivant de l'introduction à la conclusion. La « psychologie du choix » est proposée comme une alternative salvatrice à la « psychologie du contrôle extérieur » si constamment utilisée. La notion d'un « monde de qualité » appartenant à chaque personne permet aussi de mieux comprendre certaines réactions (djm, 27 février 2005).


(...) Comment être libres de vivre comme nous l'entendons tout en entretenant de bons rapports avec les gens qui nous tiennent à cœur?


Quarante ans de pratique psychiatrique m'ont appris que les gens malheureux ont tous le même problème: ils sont incapables de bien s'entendre avec les gens qui ont de l'importance à leurs yeux. J'ai connu de vifs succès dans mon counseling, mais j'entends toujours mon maître, le docteur G. L. Harrington, le psychiatre le plus doué qu'il m'ait été donné de rencontrer, déclarer: «Si tous ceux qui travaillent dans notre domaine devaient disparaître du jour au lendemain, le monde remarquerait à peine leur absence.» Il ne voulait pas dénigrer notre travail mais insinuait seulement que si les psychiatres cherchaient à réduire le malheur du monde et à aider les êtres humains à mieux s'entendre, leurs efforts n'avaient pas changé grand-chose.


Pour atteindre cet objectif, il nous faut une nouvelle psychologie, une psychologie qui nous permette de nous rapprocher davantage les uns des autres, soit facile à être enseignée et facile à appliquer une fois qu'elle a été comprise. La psychologie actuelle n'a pas rempli ses objectifs. Nous ne savons pas plus aujourd'hui qu'hier comment entretenir de bons rapports avec les autres et avons tendance, au contraire, à nous en éloigner de plus en plus. Il suffit de regarder les couples modernes pour voir que le recours à cette psychologie classique a lamentablement échoué.


J'appelle «psychologie du contrôle externe» le type de psychologie qui détruit les relations personnelles parce qu'elle détruit la liberté individuelle. Ce contrôle peut se limiter à un regard désapprobateur ou aller jusqu'à une menace de mort. Quelle que soit sa forme, il vise à nous faire faire ce que nous ne voulons pas nécessairement faire. Nous finissons par penser que les autres peuvent effectivement nous faire ressentir ce que nous ressentons ou nous faire faire ce que nous faisons. Cette croyance nous prive de la liberté personnelle dont nous avons tous besoin et que nous recherchons tous.


La psychologie du contrôle externe en usage consiste à recommander de punir les gens qui agissent mal selon nous et à les forcer à faire ce que nous jugeons être bien; à les récompenser aussi ensuite pour qu'ils continuent à faire ce que nous voulons qu'ils fassent. Cette idée est relativement universelle parce que les gens au pouvoir, les gouvernements, les parents, les enseignants, les dirigeants d'entreprise et les chefs religieux, qui définissent aussi le bien et le mal, l'appuient sans réserve. Les gens sous leur coupe ont si peu de contrôle sur leur vie personnelle qu'ils en éprouvent une certaine sécurité et acceptent volontiers cette mainmise sur eux. Il est triste que personne ou presque ne se rende compte que cette psychologie du contrôle, de la cœrcition ou de la force est la principale cause de malheur dont souffrent tant de gens, malheur que malgré des efforts acharnés, nous ne sommes pas encore parvenus à réduire.


Cet état de fait continue de régner sans partage, non pas qu'après y avoir mûrement réfléchi nous ayons trouvé préférable de contrôler les gens, mais parce que lorsqu'ils ne font pas ce que nous voulons, la cœrcition et le contrôle sont les seuls recours qui nous viennent spontanément à l'esprit. C'est la psychologie de nos ancêtres, de nos parents et de nos grands-parents, de nos enseignants et de nos dirigeants, celle de presque tous les gens que nous connaissons ou dont nous avons entendu parler. Il y a si longtemps que l'humanité tente d'obtenir ce qu'elle veut par la force que la cœrcition semble être synonyme de logique et que nous y faisons appel sans même y penser. Nous ne nous soucions pas plus de savoir d'où vient cette habitude que de questionner sa validité.


Si le contrôle externe est source de tant de malheurs, pourquoi tant de gens (y compris les gens sans pouvoir, les premiers à le subir) y ont-ils recours? La réponse à cette question est simple: c'est parce que cela fonctionne. Cela marche pour les puissants qui obtiennent souvent ce qu'ils veulent. Cela marche pour les gens sans pouvoir qui le voient fonctionner sur eux et vivent dans l'espoir de pouvoir eux-mêmes l'exercer un jour sur d'autres personnes. On regarde toujours plus volontiers au-dessus de soi qu'en dessous. Les gens sans pouvoir acceptent surtout le contrôle externe parce que, même si ce dernier les rend malheureux, ils sont persuadés de ne pas avoir d'autres choix et qu'il serait pire de résister, ce qui, en général, est vrai.


Ainsi, d'une façon ou d'une autre, la majorité des gens font des choses qu'ils ne voudraient pas faire. De nombreuses femmes, par exemple, restent avec un conjoint qui abuse d'elles parce qu'elles pensent qu'il serait pire de le quitter. Elles craignent, en se retrouvant seules, d'être incapables de gagner leur vie, de perdre leurs enfants, (...)


(...) J'aimerais d'abord identifier les trois croyances de base de la psychologie du contrôle externe, pour bien faire ressortir ce que la plupart des gens croient vraiment à ce sujet. Le lecteur comprendra aisément que la seconde et la troisième croyances sont les plus nuisibles. Voyons comment nous y faisons appel dans la vie.


Première croyance: Je réponds à une sonnerie de téléphone, j'ouvre la porte quand on sonne, je m'arrête à un feu rouge: je réagis à un signal externe.


Deuxième croyance: Je peux faire faire à quelqu'un ce que je veux, même contre son gré. Les autres peuvent contrôler ma façon de penser et d'agir, même ce que je ressens.


Troisième croyance: II est juste, et c'est même pour moi une obligation morale, de tourner en ridicule, de menacer, et de punir ceux qui ne font pas ce que je leur dis de faire. Je vais même jusqu'à les recompenser si cela doit les amener à faire ce que je veux.


Ces trois croyances sont le fondement même de la psychologie du contrôle externe qui mène le monde.


Dans le cas de la première croyance (sonnerie du téléphone ou autre signal mécanique), les gens croient que c'est ce contrôle externe qui les fait réagir. Pour la seconde croyance, issue de la première, le contrôle vient toujours d'une autre personne. Par exemple, un parent dit à un enfant de tondre la pelouse, un enseignant ordonne à un élève d'arrêter de bavarder, un mari dit à sa femme qu'elle l'a rendu furieux. En ce qui concerne la troisième croyance, la plus destructrice de toutes, les conjoints, parents, enseignants et patrons croient que c'est leur droit, leur devoir et même leur obligation morale, de menacer, punir ou faire chanter tout enfant ou tout adulte qui choisit de leur désobéir; il est dans leur intérêt de faire ce qu'on leur dit de faire. (...)


(...) Vous pouvez faire encore plus. Vous pouvez remplacer les contraintes et les représailles par la négociation: dire à votre fils que vous allez cesser de le punir, que votre relation avec lui est plus importante à vos yeux que son travail à l'école, que vous voulez à nouveau pouvoir faire des choses agréables avec lui, comme avant. Il sait bien que vous voulez qu'il travaille à l'école, vous l'avez amplement signifié. Revenir sans cesse sur le sujet ne donne strictement rien. Si vous parvenez à renouer avec votre adolescent, il y a bien plus de chances qu'il travaille à l'école et fasse ce que vous voulez qu'il fasse que si vous continuez de vivre en étrangers.


Si l'on force quelqu'un trop longtemps, il faut avoir conscience que l'on atteindra probablement un point de non-retour qui nous éloignera irrémédiablement l'un de l'autre. S'ils se sentent trop éloignés de leurs parents, certains enfants vont briser toute relation avec eux et chercher le plaisir d'une façon destructrice. Pour vivre et entretenir les relations dont nous avons besoin, nous devons absolument cesser de vouloir forcer les gens, les punir, les récompenser, les manipuler, les commander, les stimuler, les critiquer, les blâmer, leur faire des reproches, les harceler, les évaluer, les classer ou les abandonner. Il faut éviter ces comportements destructeurs et choisir plutôt de se soucier des autres, de les écouter, de les aider, de négocier avec eux, de les encourager, de les aimer, de se montrer amical avec eux, de leur faire confiance, de les accepter, d'aller au-devant de leurs besoins et de les estimer. Tous ces termes marquent bien la différence entre la psychologie du contrôle externe et la psychologie du choix. (...)


p. 56 : (...) En résumé, le pouvoir ne sert pas à grand-chose si l'on ne peut pas s'en servir pour influencer les gens. Il vous serait difficile, à l'heure actuelle, de satisfaire votre besoin de pouvoir si vous étiez nommé directeur des ventes d'une compagnie de tabac: vendre l'accès à Internet serait sans doute nettement plus valorisant. La liberté consiste à être indépendant des autres, sans en être jamais tout à fait séparé; nos gènes ne nous permettent pas tant de liberté. Quel plaisir y a-t-il à apprendre ou à réussir quelque chose si on ne peut le partager avec quelqu'un ? Un de mes amis, passionné de golf, a réussi un trou d'un coup alors qu'il jouait seul. Quel intérêt ?

p. 67 : (...) c'est peut-être là une des motivations du suicide. Je préfère mourir que de devoir continuer à me battre pour essayer de me sentir bien de la façon dont j'ai choisi de vivre, c'est-à-dire tout seul. C'est différent de la motivation habituelle du suicide, qu'on pourrait formuler ainsi : je préfère mourir plutôt que de me battre pour avoir une relation que je ne parviens pas à avoir.

Croyant que cela est ou sera si bon de vivre auprès d'elles, nous pouvons assurément vivre une relation destructrice avec certaines personnes que nous avons choisies de placer dans notre monde de qualité. Il peut parfois s'avérer dangereux pour notre santé ou notre bonheur de placer certaines d'entre elles dans notre monde de qualité et nous en sommes souvent parfaitement conscients quand nous le faisons. Soyons juste, il peut s'avérer destructeur pour elles aussi de nous placer dans leur monde de qualité. On peut en effet prendre de la drogue, commettre des crimes, faire du mal aux autres, escroquer, mentir ou se suicider avec la personne qui se trouve dans notre monde de qualité. (...)


p. 69 : (...) Personne ne peut vous enlever la liberté de contrôler entièrement votre monde de qualité. Cette liberté a été clairement illustrée par les résultats, publiés récemment dans les journaux, de deux études voisines.

Dans la première, des tests d'aptitudes prouvaient que les ordinateurs à l'école ne faisaient pas augmenter le niveau d'apprentissage. La seconde, mi-figue mi-raisin, révélait qu'à l'école primaire, les élèves avaient fait des progrès significatifs en maths et en sciences par rapport à d'autres pays du monde, mais qu'au secondaire, leur retard s'accentuait au contraire. La première étude nous disait que l'interaction entre l'enseignant et l'élève avait été remplacée par une interaction entre l'ordinateur et l'élève. Les ordinateurs sont d'excellents outils mais ne sont pas des enseignants. Utilisés par un bon enseignant qui connaît leurs limites et qui interagit suffisamment avec ses élèves pour qu'ils l'incluent dans leur monde de qualité, ils peuvent s'avérer très utiles. Utilisés sans l'intervention de l'enseignant, ils ne veulent plus dire grand-chose et d'après mon expérience, on s'en sert encore beaucoup trop de cette façon.

La même raison peut expliquer la baisse du niveau d'apprentissage entre l'école primaire et secondaire. En fait, on calcule le nombre d'élèves qui ont une image de leurs enseignants dans leur monde de qualité. Allez dans n'importe quelle classe du primaire et (...)


pp. 87-88 : (...) Pour étayer cette affirmation, je dois expliquer qu'habituellement nous prêtons au mot comportement une signification trop étroite. Mon dictionnaire définit le comportement comme la façon de se comporter. J'accepte cette définition, mais je donnerais au mot façon une acception plus large. Du point de vue de la psychologie du choix, c'est un mot très important. Quatre composantes inséparables composent la «façon» dont nous nous comportons. La première composante est l'action. Quand nous pensons au comportement, la plupart d'entre nous imaginent des activités comme marcher, parler ou manger. La seconde composante est la pensée. Nous sommes toujours en train de penser à quelque chose. La troisième composante est la sensation. Quelle que soit la façon dont nous nous comportons, nous sommes toujours en train de ressentir quelque chose. La quatrième composante est la physiologie. Il y a toujours un état physiologique associé à tout ce que nous faisons : notre cœur pompe le sang, nos poumons respirent et la neurochimie est associée au fonctionnement de notre cerveau, par exemple.

Comme les quatre composantes agissent simultanément, la psychologie du choix utilise deux mots plutôt qu'un et parle de comportement global. « Global » parce qu'il comprend toujours les quatre composantes: action, pensée, sensation ainsi que la physiologie associée à toutes nos actions, pensées et sensations. Dans ce livre, j'utiliserai peut-être, à l'occasion, le mot comportement, mais cela voudra toujours dire comportement global. En lisant ce chapitre, vous choisissez d'être assis, de tourner les pages du livre et de faire bouger vos yeux et votre tête; cela constitue votre activité. Vous êtes aussi en train de penser à ce que vous lisez, sinon vous ne comprendriez pas ce qui est écrit. En pratique, quand vous agissez, vous êtes toujours en train aussi de penser et vice versa. Comme les deux vont de pair, nous les combinons souvent en un seul mot : agir. Quand je dis que je fais quelque chose, je suis presque toujours en train de décrire une combinaison particulière d'action et de pensée.

Vous ressentez toujours aussi quelque chose. Vous avez toujours conscience de ressentir de la douleur ou du plaisir. Vous ne ressentez probablement pas grand-chose en ce moment même, mais au moins vous êtes d'accord ou pas d'accord avec moi; ou vous pensez à ce que je viens de dire sur le choix de faire son propre malheur; cette pensée s'accompagne toujours d'une forme de sentiment. Vous ressentez toujours quelque chose, même si bien souvent vous n'y faites pas attention. En outre, votre cœur bat, vous respirez et votre cerveau travaille; une manifestation physiologique est toujours associée à votre choix d'agir, de penser, de ressentir, autrement dit votre comportement global.

Maintenant que je vous ai présenté le comportement global, je vais pouvoir expliquer ce que j'entends par choisir d'éprouver des sensations, agréables ou douloureuses. (...)