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Pourquoi on mélange tout ?




Trop d'infos crée l'angoisse

(Frédéric Joignot et Ariel Kyrou)

extrait de Actuel n°38 de février 1994, pp. 99-100*



L'angoisse de l'information naît de notre incapacité à trier, comprendre, digérer, avaler puis transformer la masse démente des informations qui nous submergent.

Pour comprendre cette maladie ultra-moderne, nous avions proposé à une journaliste, Halima Belghiti, une mission surhumaine : lire pendant une semaine tout ce qui se publiait sur le Golfe dans sept quotidiens (Libération, Le Figaro, L'Humanité, Le Monde, Le Parisien, France-Soir et le Quotidien), six hebdomadaires (L'Express, Le Nouvel Observateur, Le Point, L'Evénement, Paris-Match, VSD), de regarder les informations, les reportages et éditions spéciales sur TF1, Antenne 2, La Cinq, et de tenir le journal de ses réactions.

Halima a passé son régime avec une machine à calculer. Il lui a fallu 39 heures pour lire tous les articles sur le Golfe dans sept quotidiens, soit une semaine de travail salarié ! Il lui aurait fallu deux semaines, à 9 heures la journée, pour suivre en plus trois chaînes de télé et lire les hebdos !

En une semaine, TF1, Antenne 2 et la Cinq ont passé l'équivalent de 48 films de guerre d'une heure et demie sur la guerre du Golfe. Ne croyez surtout pas que cette inflation hallucinante d'infos ne concerne que la crise du Golfe. Les jours de championnat de foot ou d'élections, c'est le même raz-de-marée.


IMPOSSIBLE DE TOUT DIGÉRER

Sachez-le, la masse d'information disponible à l'honnête homme informé d'aujourd'hui double tous les cinq ans. Bientôt, ce sera tous les quatre ans, avec la Grande Bibliothèque, les banques de données, la mise en micro-films, les réseaux, les visiophones, etc. Comment allons-nous avaler tout ça ? Mais d'abord, s'agit-il de tout engloutir ?

« Cet âge de l'information, dont on a fait une montagne n'est en réalité qu'une explosion de non-information, de données brutes à trier et à analyser. Il n'y a que les services de propagande des gouvernements et les directeurs de communication des multinationales qui en aient les moyens. »

Qui parle ? Richard Saul Wurman, auteur du best-seller au Japon, en Angleterre et aux Etas-Unis, Information Anxiety.

Wurman le démontre tout au long de son essai, truffé d'exemples concrets tirés des médias US : nous sommes enfoncés jusqu'au cou dans un monde dément d'informations tous azimuts, qui ne nous apprennent rien par elles-mêmes. C'est une soupe épaisse servie pré-mâchée, que nous sommes presque impuissants à analyser, voire comprendre. D'où l'implacable et impalpable angoisse qu'elle suscite.


LES FAITS NE VEULENT RIEN DIRE

« Just the facts. »

A l'image de CNN, dont c'est le credo, les Américains ont la religion des faits, du lapidaire et du temps réel. Seuls les faits garantissaient l'objectivité. Les faits ne trompent pas, dit-on. Ils sont exacts. Ce qui amuse beaucoup Wurman pour qui, au contraire, il ne suffit pas d'être exact pour être compris. Un fait sorti de son contexte ne veut rien dire. « Les faits, écrit-il, peuvent aussi bien noircir un ciel de nuages que l'éclaircir. En eux-mêmes, ils ne disent rien. Les idées précèdent la compréhension des faits, la surabondance de faits l'obscurcit. Un fait ne peut être appréhendé que dans le contexte d'une idée. Les deux sont totalement subjectifs. Envoyez quinze reporters couvrir le même incendie et constatez. Chaque journaliste, selon sa propre perception du monde, son style, son action, la nature de son journal, reconnaîtra des détails, en ratera d'autres, choisira d'accentuer, ou d'omettre tel ou tel aspect de l'événement.»

Toute perception est sélective, comme le focus d'une caméra, le montage de l'actu. Tout est exagéré, y compris ce que je viens d'écrire. ,

Non pas exagéré au sens gonflé, enflé. Mais distingué, mis en scène. Le sens naît-il toujours d'une exagération, fût-elle littéraire ou subtile ?


APPRENDRE A TRIER

Quand on s'informe, dit Wurman, il faudrait prendre un atlas géographique, pour évaluer les distances, et un atlas historique, pour le contexte historique. Surtout, il faut se poser des questions simples :

- Pourquoi le journaliste choisit-il ces détails ? Lesquels préférerais-je connaître ?

- Que suggèrent les chiffres qu'il donne ?

- Qu'est-ce que le journaliste ne me dit pas ?

- Ne confond-il pas l'information et le commentaire ?

- Pourquoi cette histoire prend-elle tant d'importance ? Et plus que cette autre ?

- En quoi peut-elle s'appliquer à ma vie ?

- N'avez-vous pas l'impression qu'on décide à votre place de ce qui est essentiel ou non ?

- Cette hiérarchie imposée par le journal télévisé est-elle la mienne ?

Pour guérir l'angoissé surinformé, Wurman propose des médecines. Chacun d'entre nous peut se reconstruire une hiérarchie, une échelle de priorités, en fonction de ses intérêts et désirs. Et non de ceux des journaux télé. Si votre maire décide de construire un hôpital avec vos impôts, vous vous posez la question : pourquoi un hôpital ? Vous allez à la source du problème. C'est là qu'il faut aller. Les médias ne nous y amènent pas ? On proteste.


ÉLOGE DE LA CONVERSATION

« Si nous avions tous deux une conversation sur la guerre, dit Wurman, nous irions immédiatement, par une sorte de chemin séquentiel, vers nos centres d'intérêt, et vers ce qui nous semble le plus important. Ce que font naturellement les êtres humains. Par analogies, par digressions, on pourrait éclairer nombre d'informations brutes, analyser des faits. L'écriture et le reportage télé devraient se dérouler comme une grande conversation interactive. Ça nous éviterait des dérapages. »

Les médias vivent encore sur le schéma de communication de Shannon, inspiré du télégraphe : émetteur-message-récepteur. Il suppose un actif, l'émetteur, qui transmet l'information, et un passif, le récepteur.

En revanche, la conversation suppose une absence de hiérarchie. Elle enroule magiquement des mots, des signes et des gestes suivant un modèle plus proche de l'orchestre que du télégraphe. C'est un processus libre, digressif, fait de ruptures, diversions, sauts dans le temps, associations étranges, humour et moquerie, analogies pertinentes.

La conversation ne ferme aucune porte. Elle joue sur tous les tableaux, vous emmène à l'inattendu, donne un éclairage nouveau. Vous discutez avec un ami de la jungle. La jungle, dit-il, obéit à un équilibre extraordinaire. Chaque animal, chaque plante se révèle à la fois proie et prédateur, et les fauves ne font jamais de massacres. La loi de la jungle, pensez-vous alors c'est la coopération. Cette idée vous trouble. Un journaliste vient de dire à la télévision que la loi de la jungle règne en Yougoslavie. Non, c'est la loi de l'homme.


Bibliographie :

Richard Saul Wurman, Information Anxiety.

Paul Virilio, L'inertie polaire (Bourgois), et son article « L'horizon au carré », page « Rebond » de Libération, 29/30 septembre 1990.


Cerveau qui zappe, cerveau malade

(Ariel Wizman)

extrait de Actuel n°38 de février 1994, pp. 101*


David est un enfant qui a besoin d'ingurgiter dix tasses de café avant de regarder un dessin animé.

«Autrement je ne peux pas suivre», dit-il.

Incapable de concentration, il n'accepte aucun compromis, s'énerve pour un rien, traîne toujours avec lui une sorte de déprime qui le pousse tantôt à une excitation que son entourage supporte mal, tantôt à l'abattement.

Pour David, s'habiller, écouter un disque en entier ou assimiler la moindre information est à chaque fois une victoire. Il n'agit pas, il subit avec inquiétude. Il avoue lui-même vivre un cauchemar qu'il fait partager à sa famille et à ses copains de l'école. Ce gamin intelligent reste inapte à toute éducation. C'est la dernière maladie américaine, celle qu'on voit partout à la télévision, justement, qui a fait la couverture de New York Magazine et dont certains continuent à douter.

Pendant des mois, les parents de David ont cherché. D'abord en se culpabilisant, puis en prenant sur eux les reproches de l'entourage : « Parents incompétents = enfant gâté, vous devriez éteindre plus souvent MTV et balancer son Nintendo par la fenêtre ». Ils ne songeaient pas que l'état permanent dont souffrait David était une pathologie précise et ne relevait pas d'une personnalité ou d'une culture particulière, jusqu'à ce jour de 1988 où des parents ont découvert des symptômes communs chez leurs enfants et une énorme documentation psychiatrique décrivant une maladie qui ressemblait au trouble de David : 1'Attention-Deficit-Disorder, ou ADD, une incapacité de l'attention. La « maladie de jeunes cons ».

Ceux qui en souffrent grandissent dans une prison mentale, une sorte de brouillard qui interdit à leur personnalité de se constituer. Ils n'écoutent pas, ils ne regardent pas, ils répondent à côté et ignorent les autres. Beaucoup d'entre eux grandissent mal et se tournent très tôt vers les différentes drogues qui les attendent dans la rue comme vers ces gangs, où l'on tolère leurs excès d'activité.

Pourtant, malgré ses allures à propos, l'ADD n'est pas une maladie d'époque ni de génération. Elle ne touche pas plus les accros des jeux vidéos ou de la techno que les autres enfants.

Le syndrome, si répandu soit-il aujourd'hui, est très ancien : au XIXe siècle déjà, en Allemagne, un médecin décrivait certains jeunes gens victimes de semblables comportements excessifs. On a même réfléchi, en 1918, au lien possible entre une épidémie d'influenza et la diffusion de ces symptômes.

Dans les associations de parents, de médecins, de professeurs qui se sont immédiatement constituées aux Etats-Unis pour faire pièce au mal, on estime que l'ADD ne se développe que lorsqu'il est couplé à ce qu'il est convenu d'appeler des « co-facteurs » : le stress enfantin, qui a fait son apparition, la solitude des enfants laissés à eux-mêmes, le manque d'attention individuelle envers les élèves dans des classes surchargées...

L'Amérique dresse un curieux bilan : de 3 à 9% des enfants d'âge scolaire souffrent de manifestations bénignes ou malignes de l'ADD. Et le chiffre ne fait qu'augmenter. Comme une épidémie ? Non. Les causes réelles sont multiples et varient sensiblement d'un psy à l'autre. L'explication la plus classique des psy attribue cette histoire à la grossesse des mères, ce qui rassure tout le monde : empoisonnements divers par le tabac, les médicaments ou autres. Une autre explication soulève le problème des colorants, des sucres artificiels et de leurs conséquences. Après la grossesse, la chimie. Depuis quelque temps, pourtant, voici l'argument génétique : les enfants atteints d'ADD auraient un cerveau différent. Leur métabolisme trop lent interdirait à leurs neurotransmetteurs de porter correctement les messages d'un neurone vers le suivant.

Voilà pour le côté strictement médical. Mais réveillons une vieille querelle. Si l'on classe comme malades les enfants qui, regardent trop la télévision parce que leurs parents n'ont pas de quoi se payer une autre baby-sitter, cela nous mène où ? Risque de mise à l'écart de ces enfants dans les classes des lycées, surtout pour ceux qui, après avoir manifesté inattention, irritabilité ou paresse, seront classés comme des cas cliniques, mais en refusant la maladie, on refuse le remède, or les enfants malades de l'ADD ne sont pas incurables. Bien qu'il y ait déjà quantité de remèdes différents, et de thérapies douces ou alternatives, une certaine unité se fait autour des bienfaits de psychostimulants comme la Ritaline (Méthylphenidate), la Dexedrine (dextroamphétamine) ou la Pemolyne ( Cylert). Le problème de ces remèdes qui, combinés à une grande attention parentale, offrent 80% de chances de guérison, est l'accoutumance qu'ils provoquent. Ce sont des "smart drugs", avec le même type d'effets secondaires (insomnies, migraines, nausées, difficultés de mémorisation...) multipliés du fait que l'on a affaire à des enfants.

La première maladie de l'ère du zapping n'est pas nouvelle mais elle se développe avec la force d'une épidémie qui se nourrit aussi de nos maladies d'adultes : l'indifférence à autrui et même à nos enfants, l'empressement à éliminer de nos vies tout ce qui demande patience et concentration, la préférence accordée au court terme aux dépens des expériences profondes, le zapping érigé comme valeur culturelle, la déliquescence de nos systèmes éducatifs, la dévalorisation de la réflexion, de l'activité intellectuelle, la sous-culture des managers, le marketing vise-bas, ne sont-ils pas les formes les plus malignes d'une décadence dont l'ADD n'est qu'un signe ? Sommes-nous à l'abri ?

Faites un test mental : combien retenez-vous d'instructions lorsqu'on vous indique un chemin : une (« premier feu rouge à droite ») ? Deux ? Plus ? Moins ? Combien de fois redemandez-vous votre chemin ? Avez-vous l'ADD ?

Plutôt plus ou moins qu'il y a quelques années ? Et si notre santé intellectuelle était en danger ? Et si l'enjeu politique de l'ère de l'information se jouait dans les connexions neuronales de nos enfants et dans les nôtres ?


Tout va trop vite !

(Patrick Rambaud)

extrait de Actuel n°38 de février 1994, pp. 100-101*



En vous rasant, vous écoutez la radio et surveillez la machine à café ? Vous suivez le journal télévisé sur deux chaînes à la fois, tout en discutant au téléphone ? C'est le syndrome d'accélération, cette boulimie moderne qui transforme les cervelles en compote de poires.


C'est à la montagne. La neige étouffe le moindre son. Sur la terrasse du chalet, Max regarde dans la vallée depuis deux minutes. Comme il m'appelle avec un brin d'angoisse, j'arrive et il me demande d'une voix nouée :

« Tu entends ?

- Non. Il n'y a même pas de vent.

- Justement ! On n'entend rien ! »

Max a l'impression de gâcher son temps. Pour lui, vivre vite, c'est vivre mieux : une journée doit être remplie, même de fatras.

Ce pauvre Max ignore qu'il souffre du syndrome d'accélération, qu'on pourrait définir ainsi : plus on cherche à gagner du temps, moins on en a. Surchauffe. Le monde ne se décompose pas, selon l'idée reçue, mais nos têtes sont incapables de digérer le torrent de fariboles que nous recevons sans cesse et de partout.

En se multipliant, les sources d'information et les moyens de les communiquer nous imposent leur rythme. Nous voici en totale dépendance : après le téléphone et la radio nous avons eu la télé, puis le transistor, la photocopieuse, le téléphone à touches, la mise en attente qui permet de traiter plusieurs conversations à la fois, le répondeur, trois chaînes de télé, le bi-bop, le fax, le câble, trente chaînes de télé, le fax portable.

L'information et les soucis peuvent nous harceler jusque dans le désert. Même les navigateurs solitaires sont reliés en permanence aux marques de moutarde ou d'alcools forts qui les sponsorisent.

Max est exemplaire. C'est un malade. La quarantaine active, insomniaque, grand avaleur de somnifères, il occupe un poste stratégique chez Voyages et Loisirs. Il a ses bureaux au cœur de Paris, près de l'Opéra, et rentre tous les soirs au Vésinet, dans la banlieue ouest.

Regardez-le en voiture. Il vient d'enfourner sans y penser un cassette dans son autoradio, pour se sentir moins seul après une journée de bruit. Il profite du ralentissement de la circulation pour passer des coups de fil, de quoi nourrir son planning du lendemain.

Si Max, au large de la porte Maillot, reçoit les dernières nouvelles, ça ne l'empêche pas de songer à sa vie privée ni à son travail : Le président Clinton va sans doute dormir au Kremlin... A propos, les parents d'Alexandra vont débarquer samedi... Un proviseur a été poignardé en sortant de son lycée... Hé ! le dollar est à 111,50 à Tokyo... Un avocat condamné à quatre ans de prison pour fraude fiscale... On les emmènera dîner chez Paul... Allô, Martin ? Ah, c'est son fils... Dorothée retrouve Bercy... Les anciens Romains se soignaient en mangeant beaucoup de choux... Marc ? Allô ?

Max rentre chez lui peu avant le journal télévisé. Il embrasse sa fille et l'écoute tout en ouvrant son courrier. Sa compagne Alexandra s'interroge devant la penderie et lui crie : «Max, tu n'as pas oublié qu'on dîne chez Roger ?» Si, il a oublié, mais il répond que non en signant un chèque pour les Telecom. D'ailleurs, en ce moment il oublie tout. Il ne sait même plus pourquoi les parents d'Alexandra viennent à Paris. Max va ensuite relever les messages de son répondeur, il entend par bribes le discours de sa fille.

Il y très longtemps, c'est-à-dire quelques années, les gens de son espèce pouvaient encore tenir une conversation. Ils achevaient leurs phrases, ils savaient conduire une idée et la pousser à son terme avant la suivante. C'est du passé.

Max croit vivre au présent, mais non, même pas. Quand il fait une chose il pense à une autre. Cette année, il n'a pas réussi à lire un seul livre en entier. Il picore. Les volumes qu'il a parcourus s'entassent inachevés.

Le syndrome d'accélération le possède. Plus il va vite et plus il veut aller vite. Moins il a le temps et plus il veut en gagner, donc il accélère. Cela relève bientôt de la chimie. Quand Max accélère, il fabrique de l'adrénaline et de la noradrénaline, son organisme y prend goût et en réclame davantage. Ralentir ? Quelle angoisse !

Dans les années soixante, deux cardiologues américains ont décrit la personnalité de type A : un individu bousculé, compétitif et agressif, plutôt cadre et masculin, impatient, qui tombait à cinquante ans d'un infarctus. Cela concernait environ 10% de la population.

Aujourd'hui c'est la règle.

Nous courons mais après quoi ?


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Le désespoir est la plus grande de nos erreurs. (Vauvenargues)


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Pour se décontracter, voici une affiche didactique (réservée aux adultes), mais aussi des affiches de propagande de la dernière guerre subtilement remastérisées... Et révisons les « devises shadocks » si raffraîchissantes. En voici une si lourde de sens : « Pour qu'il y ait le moins de mécontents possibles, il faut toujours taper sur les mêmes. »


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1 décembre 2004, de Mickael : (...) est il possible que le carré d'un entier naturel soit le double du carré d'un autre entier naturel (hormis zeros)
autrement dit est il possible que m^2=2*n^2 ? cette question m'a posé probleme apparement, il doit y avoir une réponse simple vu que l'exercice a ete posé en 2nde !cet exercice je l'ai retrouvé dans le tome 1 d'analyse du cours de Jean-Marie Monier. Dans son livre il le pose ainsi :
on suppose qu'il existe (m,n) appartenant a N*xN* tel que m^2=2*n^2 et on se propose d'aboutir a une contradiction
 a) montrer qu'il existe p appartenant à N* tel que m=n+p,puis q appartenant a N* tel que n=p+q.en déduire q^2=2*p^2 puis une contradiction en réitérant la construction
 b) montrer que 2 divise m,puis que 2 divise n,d'ou une contradiction si on suppose pgcd(m,n)=1
 c) supposons pgcd(m,n)=1. montrer n divise (m-n)(m+n) et d'autre part pgcd(n,m-n)=pgcd(n,m+n)=1 d'ou une contradiction
 d) en supposant m et n 1ers entre eux,montrer m^2 n'est pas congru à 2*n^2 modulo 3
en fait j'ai du mal a comprendre comment on peut faire l'hypothese au b),c),d) que m et n sont 1ers entre eux car moi pour montrer que racine carrée de 2n'est pas rationel j'ecrit que c'est egal a p sur q avec p et q premiers entre eux(mais la j'ai le droit de dire ça car j'ai une fraction irreductible).j'obtiens ensuite en elevant au carre que p pair et q pair d'ou une contradiction.et avec cette méthode je comprend! bye


djm : Je comprends. C'est exactement votre problème de savoir que racine de 2 n'est pas rationnel, mais sans faire l'hypothèse "m et n premiers entre eux".

a) Si m^2=2*n^2, notez d le pgcd de m et n, et divisez les 2 membres par d^2. En posant m=dm' et n=dn' (le truc classique) vous serez assurés d'avoir "m' et n' premiers entre eux", et pouvoir continuer la preuve comme vous l'indiquez.

b) Plus rapide : une des propriétés sensationnelles de Z réside bien dans la possibilité d'écrire n'importe quel nombre relatif (autre que 0 ou -1 ou 1) comme un produit de nombres premiers, et la décomposition est unique ! Si m^2=2*n^2, écrivez les décompositions des deux membres "in extenso", et vous verrez que l'exposant de 2 sera impair dans le membre de gauche, et pair dans celui de droite. C'est scandaleux, et tant mieux : on a trouvé notre contradiction !

Je vais recopier la question et sa réponse sur MM, car je pense que cela intéressera tout le monde. Ce sont des problèmes qui se posent souvent dans Z, et il est bon de se les reposer souvent ;))




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3 décembre 2004 : Bon week end à tous les mégamathiens. Je viens de lire un très beau texte extrait de l'Epopée de Gilgamesh, l'un des textes littéraire les plus célèbres de la littérature babylonienne.


« Où donc cours-tu ainsi, Gilgamesh ?

La vie sans fin que tu recherches, tu ne la trouveras jamais !

Quand les dieux ont créé les hommes,

Ils leur ont assigné la mort,

Se réservant l'immortalité à eux seuls !

Bien plutôt, remplis-toi la panse,

Demeure en gaieté, jour et nuit...

Accoutre-toi de beaux habits,

Lave et baigne ton corps !

Regarde avec tendresse ton petit qui te tient la main

Et fais le bonheur de ta femme serrée contre toi !

Telle est la seule perspective des hommes ! »


L'épopée raconte la légende héroïque de Gilgamesh, roi mythique de la ville méridionale d'Urouk (vers 2600 av. J.-C.) qui, avec son ami Enkidu, sauvage acculturé, a d'abord recherché et conquis la gloire. Puis, devant le cadavre de son compagnon, il comprend tout à coup que rien ne vaut rien si la mort doit tout nous arracher un jour. Alors il repart avec fièvre et courage, au prix d'efforts surhumains, à la recherche du moyen de garder la vie à jamais. Mais, près du but, il échoue...
L'édition « originale » la plus connue et la plus complète (environ les deux tiers) de ce chef-d'œuvre a été retrouvée dans la bibliothèque du roi assyrien Assourbanipal (668-627 av. J.-C.), en douze tablettes de 200 à 300 vers chacune.
Assourbanipal avait fait rassembler dans son palais de Ninive, soigneusement recopiée en quelque 5 000 tablettes (nous dirions « volumes »), la plus grande partie de l'ample production littéraire du pays : tout ce que, de son temps, l'on trouvait digne d'être conservé et relu. C'est cette bibliothèque qu'en 1853, puis en 1872, découvrirent, en quelque 25 000 morceaux, Austen H. Layard et Hormuzd Rassam. Elle fut ensuite transportée au British Muséum de Londres.


L'épopée de Gilgamesh contient un récit qui a inspiré les auteurs de la Bible. L'histoire du Déluge, l'une des plus fameuses de la Bible, a été empruntée à un récit babylonien. Voici, légèrement amputé, le texte du Déluge babylonien extrait de l'Épopée de Gilgamesh tel que le trouva et le traduisit, en 1872, l'un des premiers déchiffreurs des tablettes cunéiformes, George Smith. Nous savons aujourd'hui qu'il était inspiré d'un texte plus ancien encore, le Poème du Supersage (vers 1750 av.J.-C.).
« Ô roi de Shuruppak, démolis ta maison pour te faire un bateau ; renonce à tes richesses pour te sauver la vie ; détourne-toi de tes biens pour te garder sain et sauf! Mais embarque avec toi des spécimens de tous êtres vivants ![...]
« [Le soir du septième] jour, le bateau était achevé [...]. [Le lendemain matin, tout ce que je possédais] je l'en chargeai : tout ce que j'avais d'argent, tout ce que j'avais d'or, tout ce que j'avais de spécimens d'êtres vivants. J'embarquai ma famille et ma maisonnée entières, ainsi que gros et petits animaux sauvages [...].
« Le premier jour que [souffla] la tem[pète] si fort elle souffla que [...]. Personne ne voyait plus personne : les foules n'étaient plus discernables dans cette trombe d'eau. Les dieux étaient épouvantés par ce Déluge. [...]
« Le septième jour arrivé, Tempête, Déluge et Hécatombe stoppèrent [...}. La mer se calma et s'immobilisa, Ouragan et Déluge s'étant interrompus ! Je regardai alentour : le silence régnait. Tous les hommes avaient été retransformés en argile [...].
« Lorsque arriva le septième jour, je pris une colombe et la lâchai. La colombe s'en fut, puis revint : n'ayant rien vu où se poser, elle s'en retournait. Puis je pris une hirondelle et la lâchai : l'hirondelle s'enfuit, puis revint : n'ayant rien vu où se poser, elle s'en retournait. Puis je pris un corbeau et le lâchai. Le corbeau s'enfuit ; mais ayant trouvé le retrait des eaux, il picora, il croassa, il s'ébroua, mais ne s'en revint plus. Alors je dispersai tout aux quatre vents et fis un sacrifice, disposant le repas sur le faîte de la montagne ![...] Les dieux humant l'odeur, humant la bonne odeur, s'attroupèrent comme des mouches autour du sacrificateur ! »
(texte traduit par Jean Bottéro) (Les deux courts extraits précédents ont été pris sur la revue Histoire de janvier-mars 2004 au sujet de « l'orient ancien », un travail remarquable !)



16 janvier 2005 : Ce dimanche matin est mitigé en Guadeloupe : encore beaucoup de pluie et parfois quelques rayons de soleil. Il va falloir que j'y aille tôt si je veux faire un peu de sport ce matin ! car comme tous les dimanches avant carnaval, il y a ces affreux défilés qui vous m'empêchent de prendre l'auto, et ces ronflements de « machines à laver » qui font boum, boum, pendant des heures dans les rues (indescriptible : une musique si pauvre et bien trop forte puisque vous vous abîmez irrémédiablement les tympans si vous restez à moins de 50 mètres des « boum-boum »). Tiens, qu'ai-je vu la semaine passée ? Une jeune-femme accompagnée de son enfant de 7 ou 8 ans à ses côtés, et tenant dans ces bras un bébé d'un an environ, en train de défiler en tête d'un petit cortège de 30 personnes, juste... tenez-vous bien... juste devant l'orchestre avec tambours, basses vibrantes et trompettes. Tout cela hurlait une musique tonitruante et indiscible que je supportait mal à 50 mètres (les vibrations vous font trembler vos viscères, et les quiès permettent juste de ne pas perdre irrémédiablement votre potentiel auditif...). Que deviennent les tympans du gosse de un an qui entend ce bruit assourdissant pendant 3 heures consécutives de défilé ? Je vous le demande ? En voilà un au moins qui plus tard pourra taper comme un sourd et ne plus être sensible qu'aux basses extrêmes qui se manifestent par des vibrations dans le corps. Sourd comme un pot ;)) Dur dur quand même, et injuste vis à vis de l'enfant qui... a bien le droit de conserver son acuïté auditive.

Bon, il s'agit certes d'une opinion personnelle, mais elle est mienne, et j'ai beau relativiser, je ne comprends pas que l'on puisse détruire les tympans d'un gosse d'un an. Même pour « faire la fête ».

Mais gardons notre calme, cool... Il y a aussi de belles mélodies à écouter lorsqu'on a ses tympans intacts (comme les Beatles, Blur, Oasis ou Stina Nordenstam avec son titre « From Caïman Island with Love », ou Jacqueline Taïb dans « 7 heures du matin », où... il y en a tant que j'adore...). Préservons nos tympans pour profiter un max :))

5 février 2005 : Je viens passer un petit moment avec vous. Je me suis remis depuis 7h sur le problème de géométrie de l'agrégation interne 2005. Il est 9h49 et je viens de terminer la question III.3. Il faut dire que j'ai passé la journée d'hier à tenter de répondre aux questions et rédiger une correction qui tienne la route. Chercher au brouillon, puis rédiger... puis recommencer... le lot de tous les prépas concours non ?

Je vous scannerai les énoncés de l'agrég interne la semaine prochaine, dès que je pourrai. Pour l'instant, je tente d'avancer dans la correction. Je ne placerai pas, à priori, la correction sur MM avant un délai (un an ?) , car je me suis engagé sur un projet top secret, mais si vous ne dormez pas à cause d'une question que j'aurai par hasard traité, envoyez-moi un mail (il faut dormir :))

Une bonne nouvelle tout de même : la partie II parle de billard elliptique, et comme l'on s'en doute, on utilise des propriétés des ellipses dont certaines sont bien ciblées sur mon livre de cours de géométrie. Et ne voilà t'il pas qu'une bonne partie des questions posées sont indépendantes du reste du problème. Par conséquent : a) j'utilise mon livre (au moins je sais où se trouvent les énoncés...) b) je me donne pour but de construire un exercice sympa sur ces « énergies de droites par rapport à deux points » et sur les ellipses et de le corriger itou c) je prévois de vous le proposer très bientôt sur MM. Ouaouh ! super, si j'arrive à faire tout ça alors j'aurai rentabilisé le temps passé sur cette partie et sur sa rédaction au clavier :))))

9h49 et oui... à 11h le Macdo du samedi, et ... il me reste 1h pour passer à l'acte. Un début de passage à l'acte me suffira (que peut-on espérer d'autre sur cette p... de terre... petit moment d'abattement avant de passer à l'acte, mais à l'acte passons...)

Eh... j'espère aussi courir un peu cet aprèm (après 1an1/2 de non-jogging pour cause de tendons d'Achille délirants). Si je reviens, je continue ;)

Pour terminer, et puisqu'on parle d'Achille, et même si cela n'a rien à voir, avez-vous vu le film « Alexandre » ? Si oui, n'hésitez pas à m'envoyer vos émotions à son sujet. Il ne passe pas encore en Guadeloupe, et je l'attends avec ferveur (peut-être l'attendrai-je longtemps, peu me chaud... l'important est d'attendre avec ferveur ;)

Vous pouvez me faire des commentaires, et je pourrai même les mettre dans la colonne de gauche. Cela permettra aussi de parler d'autre chose, que d'énergie de droites.

Bon, je vous souhaite à tous un bon week end énergétique :))))))))




* Les articles de cette page indiqués par un astérisque sont tirés de la revue Actuel de février 2004, et je les propose ici avec leurs références complète, comme il se doit. Je ne les présente ici que par commodité pour les visiteurs du site MM, parce que je les ai jugés très instructifs, et parce que la revue n'est plus disponible. Je pense que la mise en ligne de ces trois articles forts intéressants fait une publicité pour le magazine ainsi que pour les auteurs et les ouvrages concernés. Si vous êtes auteur de l'un de ces articles ou responsable du magazine, et si nénmoins vous estimez que cette mise en ligne ne rentre pas dans votre stratégie de diffusion, et constitue un abus relatif aux droits d'auteurs, il vous suffit de m'envoyer un mail circonstancié pour que l'article incriminé soit retiré dans les plus brefs délais. (Le WebMaster)