Mars 2010 : Exclue deux semaines pour avoir giflé un élève !

 

 

Un mél circule sur internet en ce mois de mars 2010. Il demande de signer une pétition de solidarité avec Thérèse-Marie Cardon, une collègue de 56 ans, qui vient d'être exclue deux semaines pour avoir giflé un élève. En voici un long extrait :

 

« Elle a été mise à pied deux semaines avec retenue sur son salaire par le rectorat de Lille (elle enseigne au collège Dupleix de Landrecies, dans le Nord). Cette pétition est adressée au Recteur de Lille. Nous lui demandons d'annuler sa décision.

 

 En effet, quand on connaît les circonstances (c'est en arrêtant une bande d'élèves de 6e, qui donnaient des grands coups de pied en hurlant son nom dans la porte de sa classe, que s'est produit l'événement), il est évident que Thérèse-Marie a réagi d'une façon réflexe, spontanée et limitée.

 

 Son geste n'est pas celui d'une délinquante, mais d'une éducatrice qui a réagi d'une façon certes ferme, mais qui n’a entraîné aucune conséquence préjudiciables à la santé physique ou mentale de l’élève. Au contraire, il est permis de penser que son geste aura appris à l'élève que son comportement n'était pas acceptable.

 

 Il est donc complètement disproportionné d'avoir sanctionné Thérèse-Marie de cette manière.

 

 De plus, non seulement le Recteur de Lille inflige ainsi un camouflet à ce professeur qui ne le méritait pas, mais, par son geste, il envoie un message catastrophique à tous les élèves de France qui signifie : "Allez-y les enfants, marchez sur vos professeurs, tambourinez à leur porte, ils n'ont rien le droit de faire contre vous. S'ils réagissent, c'est eux qui seront sanctionnés !"

 

 C'est ça, l'éducation ???

 

 Si nous laissons Thérèse-Marie se faire sanctionner sans réagir, alors il ne s'écoulera pas beaucoup de temps avant que vous et moi soyons aussi sanctionnés, pour des prétextes aussi dérisoires. Et il ne faudra pas nous étonner, alors, que personne ne nous soutienne non plus.

 

 Alors vraiment, je compte sur vous pour signer votre pétition. Je vous tiendrai évidemment informé des suites de notre démarche (si vous laissez votre adresse email et que vous m'autorisez à vous écrire).

 

 Un grand merci d'avance, au nom de Thérèse-Marie, et de tous les professeurs consciencieux qui pensent, comme elle, que se laisser marcher sur les pieds par les élèves n'est pas forcément leur rendre service. signez ici. »

 

 

 

 

 

Article sur l’affaire dans la Voix du Nord :

 

Deux semaines d'exclusion pour Thérèse-Marie Cardon, mais l'enseignante en arts plastiques ne désarme pas

mercredi 10.03.2010, 05:02 - La Voix du Nord    (relevé sur le site de la « Voix du Nord » le 23/3/2010)

Le 1erdécembre 2009, les enseignants manifestaient leur soutien à Thérèse-Marie Cardon.

Thérèse-Marie Cardon, l'unique professeur d'arts plastiques de la cité scolaire Dupleix de Landrecies, passée en conseil de discipline, est désormais fixée. ...

Elle est exclue pour deux semaines de l'établissement. Mais l'enseignante fait appel.

http://memorix.sdv.fr/5/www.lavoixdunord.fr/infoslocales/aves_articles/582596468/Position1/SDV_LVDN/default/empty.gif/58586e704930756d594a414143784f6d?Tout est parti d'une gifle, en février 2009. « Un geste réflexe envoyé à un gamin qui, lors d'une récréation, avec ses copains, donnait des grands coups de pied en hurlant son nom dans la porte de sa salle de classe où elle se trouvait corrigeant des travaux d'élèves... » explique pour sa défense William Roger, secrétaire général de la CGT Educ'Action Nord. Le lendemain, la mère de l'enfant envoie un courriel au rectorat. La semaine suivante, Mme Cardon rencontre la mère et l'enfant : « on s'est réconcilié » explique l'enseignante. Mais la procédure est lancée.

« Ils en ont profité pour sortir un dossier qui traînait depuis 2006 » assure Mme Cardon. L'année où elle a refusé deux inspections « pour des raisons de conviction ». Ce rapport, elle n'en connaissait pas l'existence et l'aurait découvert en juin, en consultant son dossier pour se défendre au conseil de discipline programmé le 15 novembre. Depuis 2006, le dossier aurait été agrémenté de documents, de « pièces à charge décontextualisées », selon l'enseignante, en froid avec l'administration de l'établissement landrecien. Pour Mme Cardon, pas de doute, l'administration souhaite punir son engagement syndical.

Le 30 novembre, la moitié des enseignants de Dupleix se mettent en grève pour la soutenir. Devant les grilles de l'établissement, ils parlent « d'acharnement disproportionné et arbitraire ». Et refusent catégoriquement la possibilité d'une mutation d'office qu'encourt alors Mme Cardon. Ce jour-là, l'enseignante « épuisée et écoeurée » attend la réponse du recteur : il doit trancher après un ex-aequo dans les votes des participants au conseil de discipline.

Quatre mois après, Thérèse-Marie Cardon est fixée. Après avoir repris le travail début janvier, elle a reçu le 24 février un courrier de l'académie. On y lit la décision du recteur, qui a pourtant tranché un mois plus tôt, le 29 janvier : elle est exclue pour deux semaines, sans salaire. Une sanction de niveau deux, « juste en dessous de la mutation d'office » précise-t-elle, « alors que je n'ai jamais eu aucune sanction depuis que j'enseigne : je m'attendais à un blâme ou un avertissement ». L'exclusion prend effet du 1er au 16 mars : « C'est une double peine, pour moi et pour les élèves de Quatrième avec qui j'avais organisé une sortie à Lille de longue date. » Car elle ne sera pas remplacée. Aujourd'hui, Mme Cardon ne désarme pas et forme des recours. Un premier adressé au ministre de l'Éducation nationale. Et s'il ne suffit pas, elle portera le dossier au tribunal administratif de Lille : « Je veux que le dossier soit remis sur la table, que les pièces illégales de répression anti-syndicales soient revues. Il ne faut pas que cela puisse arriver aussi facilement à d'autres collègues ». •

PIERRE ROUANET